Résumé
Dans un contexte de raréfaction et des risques de changements climatiques, la gestion de la ressource en eau est devenue une préoccupation majeure du monde entier. Particulièrement concernée, la Tunisie se place dans la catégorie des pays les moins dotés en ressources en eau dans le bassin méditerranéen. Aujourd’hui, gérer la demande en eau agricole est un enjeu majeur pour assurer une sécurité alimentaire et favoriser le développement rural en zones arides. Conscient de cette menace l’association et la responsabilisation des usagers dans la gestion de l’eau d’irrigation a été jugée nécessaire à travers la mise en place des associations d’usagers d’eau à usage agricole (AUEA) appelées aujourd’hui les Groupements de Développement Agricole (GDAs) d’irrigation.
Ce mode de gouvernance de l’eau est cependant source de distordions économiques pouvant impactés négativement l’efficacité du système. En effet, l’asymétrie d’information entre les différents acteurs de la gestion de l’eau d’irrigation a été largement ignorée dans l’étude de la relation contractuelle entre d’une part GDA et administration et d’autre part GDA et irrigants posant ainsi un problème d’incitation au meilleur service et de son contrôle.
A partir du cadre particulier du secteur agricole irrigué de la région de Zeuss-Koutine de la jeffera Tunisienne, pris comme zone d’étude, le présent travail s’interroge effectivement sur les outils économiques de régulation à mettre en œuvre afin de maîtriser la demande en eau et de contrôler la surexploitation des ressources en eau souterraine dans un contexte d’asymétrie d’information entre les différentes acteurs de la gestion communautaire de l’eau d’irrigation (CRDA, GDA, irrigant) ?
Le cadre théorique du présent travail met à profit les développements récents de la théorie des incitations et des contrats. Du point de vue méthodologique, il sera tenté d’étudier les relations entre les opérateurs de la gouvernance de d’eau d’irrigation (administration, GDA et irrigants) moyennant le contrat conclu entre parties en prenant en compte l’existence d’une information privée détenue par l’opérateur. La régulation que nous définissons ici, se réduit à caractériser l’ensemble des mécanismes de régulation incitatifs et à simuler les contrats de régulations optimales pour la gestion des ressources en eau souterraine dans les périmètres publics irrigués de la région de Zeuss-Koutine (Sud-est Tunisien).
Deux contrats de régulations optimales ont été simulés. Le premier a pour Principal, le CRDA et a pour Agents les GDA. Le deuxième type de contrat lie le GDA aux irrigants. Au niveau du premier type de contrat, le mécanisme d’incitation est basé sur un contrat spécifiant les volumes d’eau à facturer et les volumes de pertes autorisés le long de réseau assorti par un transfert monétaire Tr. Au niveau du deuxième type de contrat, le mécanisme d’incitation est défini par un quota volume assorti par un transfert monétaire, interprété comme une tarification binôme.
En termes de résultats, la simulation des contrats optimaux met en évidence l’arbitrage entre extraction de rente et efficacité, caractéristique de la théorie des contrats et des incitations. Cet arbitrage est donné par l’autorisation aux GDAs de produire un volume d’eau perdu au delà du volume de perte optimal autorisé et par une réduction de quotas délivrés par irrigant et du volume global d’eau produit par GDA, par apport à la situation du premier rang.
Mots clefs : Asymétrie d’information, périmètres publics irrigués, contrat de régulation, arbitrage extraction de rente-efficacité, théorie des incitations et des contrats, GDA d’irrigation, zone aride, Tunisie.
Auteur
MAHDHI Naceur
MAHDHI Naceur1, SGHAIER Mongi1, BACHTA Mohamed Saleh2
1Institut des Régions Arides de Médenine (IRA), 2Institut National Agronomique de Tunisie (INAT)